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VOLPONE.

attention. D’abord, je veux faire murer cette fenêtre impudique, et, jusqu’à ce que ce soit fait, je vais tracer avec de la craie une ligne à six ou neuf pieds de cette fenêtre ; et si jamais tu te hasardes à mettre le pied au delà de cette ligne, tu te trouveras entourée de toutes les horreurs, les colères, les rages impitoyables de l’enfer, comme le conjurateur qui a quitté inconsidérément son cercle protecteur, avant que son démon n’ait disparu ; ensuite, voici un cadenas que je suspendrai après toi. Maintenant, j’y pense, je te garderai dans les appartements du fond ; tu logeras dans l’arrière-cour ; tes promenades seront dans l’arrière-cour ; ta vue sera dans l’arrière-cour, et point de distraction qui ne soit dans l’arrière-cour. Puisque vous contraignez mon honnête nature, sachez que la vôtre qui est trop facile me force à vous traiter ainsi ; puisque vous ne pouvez empêcher, dans cette belle chambre, vos narines subtiles de humer l’air des passants grossiers qui se promènent tout en sueur sous vos fenêtres… (On frappe.) On frappe, rentrez, qu’on ne vous voie pas, sous peine de mort ! ne regardez pas par la fenêtre. Si tu y regardes… Arrête, écoute ceci : que je ne prospère jamais, vile coureuse, si je ne fais pas de toi un squelette ; je te disséquerai moi-même, et je ferai un cours d’anatomie sur ton corps devant toute la ville ! — Va-t’en ! (Célia sort, un serviteur entre.) Qui est là ?

LE SERVITEUR.

Le signor Mosca.

CORVINO.

Laisse-le entrer ; (Le serviteur sort.) son maître est mort ; voilà enfin une bonne nouvelle qui vient compenser la