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ACTE DEUXIÈME.

damnée avant que de faire cela, femme éhontée ! vous auriez tremblé à l’idée que le meurtre de votre père, de votre mère, de votre frère, et de toute votre race serait la conséquence de ma justice.

CÉLIA.

Cher monsieur, calmez-vous.

CORVINO.

Ne devais-tu pas craindre de me voir, dans le feu de la colère et sous la morsure de mon déshonneur, enfoncer ce poignard dans ton sein, pour y faire autant de trous qu’il y a eu d’yeux lascifs qui t’ont regardée ?

CÉLIA.

Hélas, monsieur, apaisez-vous. Je ne pouvais pas croire que ma présence à la fenêtre dût exciter votre colère plus que les autres fois.

CORVINO.

En effet, ce n’est rien que d’avoir, devant la multitude, une conférence établie avec un gredin reconnu. Vous avez joué un beau rôle, avec votre mouchoir qu’il a reçu en le baisant tendrement, et qu’il devait sans doute vous rendre avec une lettre où il vous signalerait un rendez-vous chez votre mère, chez votre sœur, ou encore chez votre tante.

CÉLIA.

Mais, cher monsieur, quand ai-je jamais cherché de pareils prétextes ? quand vais-je jamais dehors, à moins que ce ne soit pour aller à l’église, et cela si rarement ?

CORVINO.

Hé bien ! ce sera plus rarement encore. La contrainte où je te tenais était la liberté en comparaison de celle où je vais te tenir. Écoute-moi donc avec