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VOLPONE.



Scène III.


Une chambre dans la maison de Corvino.
CORVINO, un sabre à la main, et entraînant CELIA.

CORVINO.

Mort de mon honneur, avec le bouffon de la ville ! un jongleur, un arracheur de dents, un charlatan bavard ! et à une fenêtre publique où, tandis qu’avec ses gestes de pantin et ses grimaces de singe il chatouillait vos oreilles par l’éloge de ses drogues, nos vieux libertins célibataires vous clignaient des yeux comme des satyres ; et vous, vous avez souri très-gracieusement et donné vos faveurs, à coups d’éventail, à chacun de vos chauds admirateurs. Voyons ! ce charlatan était-il là comme un tambour pour appeler les amoureux, ou comme un appeau pour les siffler ? ou bien étiez-vous éprise de ses bagues de cuivre, ou de son épingle de safran montée d’une pierre de crapaud, ou de son habit brodé sur les coutures et fait d’un drap mortuaire, ou de sa vieille plume flottante, ou de sa barbe empesée ? Hé bien ! vous l’aurez, il viendra chez vous, et vous servira d’entremetteur ; — mais j’y pense, vous préférerez peut-être monter sur ses tréteaux ? n’y monteriez-vous pas volontiers ? hé bien, vous y monterez ; vous le pouvez ; oui, vous le pouvez ; et ainsi, l’on vous verra jusqu’aux pieds. Procurez-vous un cistre, dame Vanité, et soyez l’associée de cet homme vertueux ; ne faites plus qu’un avec lui ; moi, je porterai haut mes cornes, et je garderai votre dot ; je suis donc un Hollandais, moi ? car si vous m’aviez cru Italien, vous vous seriez