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VOLPONE.

studieux antiquaire la retrouva, dans certaines ruines, en Asie. Il en envoya une moitié à la cour de France, mais falsifiée ; c’est celle dont les dames à présent se colorent les cheveux ; le reste est dans mes mains, réduit en quintessence ; tout ce que cette poudre touche de jeune, elle le maintient jeune perpétuellement, elle rend à la vieillesse le teint de l’enfance, consolide les dents quand elles seraient aussi mobiles que les touches d’un virginal, et en fait un mur inébranlable. Elle rend blanches comme l’ivoire celles qui sont noires comme l’ébène.

CORVINO, entrant et s’adressant à Volpone.

Esprit du diable, descendez, descendez, vous dis-je ! — N’avez-vous pas d’autre maison que la mienne pour y jouer vos parades ? signor Flaminio ! Voulez-vous descendre, monsieur ? descendez donc ! Quoi ! ma femme est-elle votre Franciscina ? N’y a-t-il pas d’autres fenêtres que la mienne, et la choisissez-vous de préférence pour vos jongleries ? la mienne ! la mienne ! (Il chasse dehors Volpone, Nano et les autres.) On me baptisera demain d’un nouveau nom ; l’on m’appellera dans la ville le Pantalone dei bisognosi.

PERÉGRINE.

Qu’est-ce que cela veut dire, sir Pol ?

SIR POLITICK.

Une intrigue d’État, croyez-le. — Je rentre chez moi.

PÉREGRINE.

Peut-être a-t-on quelque dessein contre vous ?

SIR POLITICK.

Je ne sais : je me mettrai sur mes gardes.