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ACTE DEUXIÈME.

rien de pareil, à moins des livres de Broughton[1].

NANO chante.

Si le vieux Hippocrate et Galien, qui ont mis tant de médecines dans leur livres, avaient connu ce secret, ils n’auraient point, ce dont ils seront toujours coupables, meurtri tant de feuilles de papier ni usé tant d’innocentes chandelles. On n’aurait jamais tant vanté ni les drogues de l’Inde, ni le tabac, sans mentionner le bois de gaïac, ni le grand élixir de Raymond Lulle[2] ; on n’aurait jamais connu le Danois Gonswart, ni Paracelse avec sa longue épée[3]..

PERÉGRINE.

Tout cela ne peut aller ! Huit couronnes, c’est cher.

VOLPONE, aux musiciens.

Assez. — Messieurs, si j’avais le temps de vous énumérer les miraculeux effets de mon huile, surnommée l’huile de Scoto, je vous montrerais les nombreux catalogues de tous les clients que j’ai guéris des maladies susdites et de beaucoup d’autres, les certificats et privilèges de tous les princes et de toutes les républiques de la chrétienté, ou seulement les dépositions de ceux qui ont paru pour moi devant les membres du bureau de santé, et devant les plus savantes facultés de médecine, lesquelles, après avoir reconnu les admirables vertus de mes médicaments et ma propre excellence en matière de secrets rares et inconnus, m’ont

  1. Broughton, un savant sachant l’hébreu et beaucoup d’autres choses, mais extravagant, grossier, inintelligible. Ben Jonson en parle encore dans sa pièce de l’Alchimiste.
  2. Le fameux Lulle sur lequel on fit ce distique :

    Qui Lulli lapidem quaerit, quem quaerere nulli
    Profuit ; haud Lullus, sed mihi nullus erit.

  3. Paracelse logeait un démon familier dans la poignée de cette célèbre épée