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ACTE DEUXIÈME.

précieuse liqueur non-seulement pour les seigneurs de cette ville qui viennent en foule chez moi, mais pour les étrangers de la terre ferme, les honorables marchands, et aussi les sénateurs, qui, depuis mon arrivée, m’ont retenu et accaparé par leurs splendides libéralités ; et ils ont eu raison ; car que sert à vos plus riches citoyens d’avoir leurs magasins remplis de vin muscat et autres précieux jus de la grappe savoureuse, quand leur médecin leur prescrit, sous peine de mort, de ne boire que de l’eau infusée d’anis ? O santé, santé, bénédiction du riche, richesse du pauvre ! qui donc t’achèterait trop cher, puisque le monde n’a pas de jouissances sans toi ? Ne soyez donc pas chiches de votre bourse, honorables seigneurs, au point d’abréger le cours naturel de votre vie.

PÉRÉGRINE.

Vous voyez où il veut en venir ?

SIR POLITICK.

N’est-ce pas excellent ?

VOLPONE.

Lorsqu’une fluxion humide ou un catarrhe, par un changement de temps, tombe ou sur une épaule ou sur un bras ou quelque autre part, prenez un ducat ou un sequin d’or, et appliquez-le à l’endroit malade ; voyez quel effet il pourra produire. Rien, rien. C’est cet onguent béni, ce rare extrait qui a le pouvoir de chasser toutes les humeurs malignes qui sont mises en mouvement par le chaud, le froid, l’humide, etc., etc.

PÉRÉGRINE.

J’aurais voulu qu’il y ajoutât le sec.

SIR POLITICK.

Écoutez, je vous prie.