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VOLPONE.

SIR POLITICK.

Observez son geste, et quel mépris il montre pour ces gens là.

VOLPONE.

Ces gredins grossiers, obscènes, sans cervelle, à large face, pouilleux, puants et pleins de vents, avec un centime d’antimoine brut bien enveloppé dans des cornets de papier, sont vraiment capables de tuer leurs vingt hommes par semaine et d’en rire ; et cependant ces pauvres diables, maigres, affamés, qui ont étouffé les organes de leur intelligence par des obstructions charnelles, ne manquent pas de clients parmi vos artisans, mangeurs de salade, qui sont enchantés d’avoir, pour deux sous, une médecine, qui ne les purge que dans l’autre monde ; mais il n’importe pas.

SIR POLITICK.

Excellent ! avez-vous jamais entendu un meilleur langage, monsieur ?

VOLPONE.

Hé bien ! laissez-les faire ; et vous, messieurs, honorables messieurs, sachez que notre théâtre, étant ainsi éloigné des clameurs de la canaille, va être une scène de plaisirs et de délices, car je n’ai rien à vendre, rien, ou peu de chose.

SIR POLITICK.

Je vous avais dit, monsieur, comment il finirait.

PÉRÉGRINE.

C’est vrai, monsieur.

VOLPONE.

Je proteste, nous protestons, moi et mes serviteurs, que nous ne saurions suffire à composer notre