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ACTE PREMIER.

mais éternel baiser ; une chair que le sang teint en rose au moindre contact ; brillante comme votre or ; aimable comme votre or !

VOLPONE.

Pourquoi n’ai-je pas su cela plus tôt ?

MOSCA.

Hélas ! monsieur, je ne l’ai découvert moi-même qu’hier.

VOLPONE.

Comment pourrais-je la voir ?

MOSCA.

Oh ! ce n’est pas possible ; elle est gardée aussi soigneusement que votre or, jamais ne sort, jamais ne prend l’air que par une fenêtre ; ses regards sont doux comme les premiers raisins ou les premières cerises, et surveillés d’aussi près.

VOLPONE.

Je veux la voir.

MOSCA.

Monsieur, une garde d’espions l’entoure, elle est composée de tous les serviteurs de la maison, dont chacun est aussi l’espion de son camarade ; que l’on sorte ou que l’on rentre, c’est un interrogatoire minutieux et un examen général.

VOLPONE.

Je veux la voir, quand ce ne serait qu’à sa fenêtre.

MOSCA.

Alors sous quelque déguisement ?

VOLPONE.

C’est là le moyen ; il faut toujours que je déguise ma véritable forme ; allons réfléchir.

(Ils sortent.)