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VOLPONE.

bien ! Cela ne vaut-il pas mieux que de piller des églises ou de s’engraisser en dévorant un homme par mois ? (Mosca rentre.) Qui est-ce ?

MOSCA.

La belle lady Would-be, monsieur, femme du chevalier anglais, sir Politick Would-be (tel est, monsieur, le style de la dépêche), envoie savoir comment vous avez dormi cette nuit et si vous pourrez la recevoir.

VOLPONE.

Pas maintenant, dans trois heures environ.

MOSCA.

Je l’ai déjà dit à l’écuyer.

VOLPONE.

Lorsque je me serai grisé de gaieté et de vin, alors, alors… Par le ciel, je m’étonne de la témérité de ces vaillants Anglais, qui laissent aller leurs femmes, la bride sur le cou, au-devant de toutes les rencontres.

MOSCA.

Monsieur, le chevalier ne porte pas son nom pour rien, c’est un politique ; il sait que, bien que sa femme affecte des airs étranges, elle n’a pourtant pas une figure à être déshonnête ; mais, si elle avait celle de la femme du signor Corvino…

VOLPONE.

Est-elle donc si belle ?

MOSCA.

Oh ! monsieur, la merveille, l’étoile flamboyante de l’Italie ; un tendron au printemps de l’année, une beauté mûre comme la moisson, dont la peau est plus blanche que l’aile du cygne, l’argent, la neige ou les lis ; une lèvre moelleuse qui vous inviterait à un seul