Page:Jonson-Volpone Epicene l alchimiste-1863.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
VOLPONE.

MOSCA.

Vous ferez mieux de le lui montrer ; mettez-le lui dans la main ; ce n’est plus que par les doigs qu’il comprend quelque chose ; il lui reste le tact ; voyez comme il le serre.

CORVINO.

Hélas ! le pauvre homme ! cela fait pitié de le voir.

MOSCA.

Fi donc, ne vous en donnez pas la peine ; les pleurs d’un héritier sont des rires sous le masque.

CORVINO.

Suis-je donc son héritier ?

MOSCA.

Monsieur, j’ai promis sous serment de ne pas montrer le testament qu’il ne soit mort ; sachez que Corbaccio est venu le voir, Voltore aussi, et tant d’autres que je ne puis les nommer tous, tous baillant pour avoir des legs ; mais moi, me prévalant de ce qu’il vous nommait tout haut : signor Corvino, signor Corvino, j’ai pris, plume, papier et encre, et je lui demandai qui il choisissait pour son héritier. Corvino. — Qui il voulait pour exécuteur testamentaire. Corvino. — Et sur toutes les questions auxquelles il ne répondait mot, j’interprétai les mouvements qu’il faisait avec la tête, comme des signes de consentement ; c’est ainsi que j’ai congédié les autres sans leur rien laisser, en legs, que des pleurs et des malédictions.

CORVINO.

Oh ! mon cher Mosca. (Ils s’embrassent.) Mais ne nous voit-il pas ?

MOSCA.

Pas plus qu’un joueur de harpe aveugle. Il ne