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ACTE PREMIER.

MOSCA, bas.

Votre seigneurie est un âne précieux.

CORBACCIO.

Que dis-tu ?

MOSCA, haut.

Je désire que votre seigneurie se hâte.

CORBACCIO.

C’est fait, c’est fait. Je pars, (Il sort.)

VOLPONE, sautant de son lit.

Oh ! j’en crèverai. Mes côtes ! mes côtes !

MOSCA.

Retenez ce flux de rire, monsieur. Vous savez qu’une pareille espérance est une amorce qui couvre peut-être un hameçon.

VOLPONE.

Oh ! mais ton habileté à la placer, cette amorce. Je n’y puis tenir. Bonne canaille, laisse-moi t’embrasser. Je ne t’ai jamais vu une si rare humeur.

MOSCA.

Hélas ! monsieur, je fais ce que l’on m’ordonne. Je suis vos graves instructions : je donne à ces gens-là des paroles ; je verse de l’huile dans leurs oreilles, et ensuite je les renvoie.

VOLPONE.

C’est vrai, c’est vrai. Quel rare châtiment l’avarice trouve en elle-même !

MOSCA.

Nous y aidons un peu, monsieur.

VOLPONE.

Ils ont tous les soucis, les maladies sans nombre, les perpétuelles terreurs qui accompagnent la vieillesse. Ils appellent mille fois la mort, car c’est le souhait ordinaire de ces hommes. Leurs membres sont