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ACTE PREMIER.

MOSCA, à part.

Oui, son dernier sommeil, s’il le prenait. (Haut.) Monsieur, il n’a aucune confiance dans la médecine.

CORBACCIO.

Que dis-tu, que dis-tu ?

MOSCA.

Qu’il n’a aucune foi dans la médecine ; il croit que vos docteurs, pour la plupart, sont le plus grand danger que l’homme puisse courir, et la maladie la plus difficile à guérir : je l’ai entendu souvent protester que jamais il ne ferait d’un médecin son héritier.

CORBACCIO.

Que moi je ne serais pas son héritier ?

MOSCA, plus haut.

Non, non, votre docteur !

CORBACCIO.

Oh ! lui, non, non, non ; je le pense bien.

MOSCA.

Ce sont surtout leurs mémoires qu’il ne peut pas digérer ; il dit qu’ils écorchent vif un homme avant de le tuer.

CORBACCIO.

Il a raison ; je te comprends.

MOSCA.

Oh ! ils font sur nous leurs expériences. Non-seulement la loi les absout, mais elle leur donne encore de grandes récompenses ; ma foi ! il répugne à leur payer d’avance sa mort.

CORBACCIO.

C’est vrai ; ils ont des licences pour tuer, comme un juge.