Page:Jonson-Volpone Epicene l alchimiste-1863.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
VOLPONE.

MOSCA.

Sans un seul copartageant, monsieur. Ce matin même la chose s’est confirmée ; la cire est encore chaude, et l’encre est à peine sèche sur le parchemin.

VOLTORE.

Heureux, heureux que je suis ! Mais par quelle bonne chance, cher Mosca ?

MOSCA.

Votre mérite, monsieur. Je ne vois pas d’autre raison.

VOLTORE.

C’est par modestie que tu dis cela. Bien, bien, nous te récompenserons.

MOSCA, montrant Volpone.

Il a toujours aimé votre caractère ; c’est ce qui l’a d’abord séduit. Je lui ai souvent entendu dire combien il admirait les hommes de votre belle profession, qui savent parler en faveur de toutes les causes et sur les sujets les plus opposés jusqu’à s’enrouer, mais sans heurter la loi ; les hommes qui, comme vous, changent d’opinion avec une merveilleuse agilité, font des nœuds qu’ils dénouent ensuite, savent donner des conseils fourchus, prennent des deux mains l’or qu’on leur offre pour les tenter, et l’empochent ; ces hommes, il le sait bien, réussissent à tout avec leur souplesse, et, quant à lui, disait-il, il se regarderait comme béni du ciel, s’il pouvait avoir pour héritier un de ces esprits souples et tolérants, si sages, si graves, dont la langue est si embrouillée et si retentissante, et qui pourtant ne profèrent ni un mot ni même un mensonge sans honoraires ; on le comprend, puisque chaque parole que votre seigneurie laisse tomber est un sequin. (On entend frapper dehors.)