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ACTE PREMIER.

MOSCA.

La phrase est piquante, monsieur.

VOLPONE.

Donne-moi mes fourrures. (Il revêt sa robe de malade.) Pourquoi ris-tu, homme ?

MOSCA.

Je ne puis m’en empêcher, monsieur, en songeant à ce qu’il doit penser, là dehors, en se promenant ; il espère que c’est le dernier présent qu’il aura à vous faire ; celui-ci doit lui gagner votre cœur ; si vous mouriez aujourd’hui en lui léguant tout, que serait-il demain ? Quelle large récompense de toutes ses avances ! Combien il deviendrait honoré, respecté ! Il paraderait à cheval avec des fourrures et de riches caparaçons, suivi d’une foule de clients et de dupes. On ferait, sur le pavé, place à sa mule aussi lettrée désormais que lui-même. — Il serait appelé le grand, le savant avocat ! Puis il conclut : il n’y a vraiment rien d’impossible.

VOLPONE.

Il y a bien quelque chose d’impossible à lui, c’est d’être savant.

MOSCA.

Non, être riche implique tout. Couvrez un âne d’une pourpre vénérable, ayez soin de cacher ses oreilles ambitieuses, et il passera pour un honorable docteur.

VOLPONE.

Mon bonnet, mon bonnet, bon Mosca, et va chercher notre homme.

MOSCA.

Attendez, monsieur ; votre onguent pour les yeux.