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ACTE PREMIER.

NANO.

Parce que tu peux y trouver les plaisirs de chaque sexe.

ANDROGYNO.

Hélas ! ces plaisirs sont usés et abandonnés : non ; je me félicite d’être l’âme d’un fou, la seule créature qu’on puisse appeler bénie ; sous toutes les autres formes, je n’ai eu que du malheur.

NANO.

Bien dit ! c’est parler comme si tu étais encore en Pythagore. Célébrons cette opinion savante, eunuque, mon ami, comme il nous convient, avec art et talent, afin de la glorifier en membres spéciaux de la fraternité.

VOLPONE.

Allons ! très-joli ! très-joli ! Mosca, c’est de ton invention ?

MOSCA.

Si cela peut vous être agréable.

VOLPONE.

Cela me plaît, bon Mosca.

MOSCA.

Alors, l’invention est de moi.

NANO ET CASTRONE chantent.

Les fous sont la seule nation, digne du respect et de l’envie des hommes ; libres de soucis, ils ignorent le chagrin, et s’égayent en égayant les autres ; tout ce qu’ils font et disent est un lingot d’or pur ; le fou est le mignon bien-aimé de nos grands hommes, l’amusement et la joie de nos grandes dames ; sa langue est son trésor, sa figure seule éveille le rire, et il dit la vérité sans crainte d’être tué ; il est la grâce de chaque festin, et quelquefois le principal convive ; il a son tabouret, il a son assiette à table, le fou qui a l’esprit pour serviteur ; oh ! qui ne voudrait être lui ! lui ! lui ! (On frappe derrière la scène.)