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VOLPONE.

Tu as frappé juste dans tout ce que tu as dit ; ce sont des envieux qui t’appellent parasite ; fais venir ici mon nain, mon eunuque et mon fou, et dis-leur de me divertir. (Mosca sort.) Qu’ai-je de mieux à faire que de caresser les caprices de mon génie et de m’abandonner librement à toutes les délices que la fortune peut créer pour moi ? Je n’ai ni femme, ni parents, ni enfant, ni allié à qui je doive un jour donner ma substance ; mon héritier sera celui que je choisirai ; c’est là ce qui fait que l’on m’observe ; c’est là ce qui attire dans ma maison, chaque jour, de nouveaux clients, des hommes, des femmes, des gens de tout sexe et de tout âge qui m’apportent des présents, m’envoient de l’argenterie, des lingots, des pierres précieuses, dans l’espoir que, lorsqu’arrivera ma mort que leur cupidité attend à chaque minute, tout leur reviendra centuplé ; et il en est quelques-uns, plus avares encore que le reste, qui cherchent à m’accaparer tout entier, et à se contre-miner les uns les autres dans leurs efforts, luttant de cadeaux comme s’ils luttaient d’affection. Je les tolère près de moi, je me joue de leurs espérances, et me réjouis de battre monnaie avec leur cupidité ; je pèse leur tendresse, et plus je reçois d’eux, plus je les apprécie ; je les tiens dans ma main et ne laisse la cerise frapper contre leurs lèvres que pour la retirer soudain. Qu’est-ce ?

(Mosca rentre avec Nano, Androgyno et Castrone.)
NANO.

Place pour de nouveaux bateleurs qui ne vous apportent ni pièce de théâtre, ni représentation de l’Université, et vous prient, par conséquent, quel que soit leur récit, de ne pas être trop difficile sur l’allure du vers. Si vous vous étonnez de cela, vous allez vous étonner bien plus encore. Sachez