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VOLPONE.

semaines il l’a composée, écrite de sa propre main, sans coadjuteur, sans apprenti, manœuvre ni patron. Je puis pourtant vous dire, en témoignage du mérite de son œuvre, qu’on n’y brise pas des œufs et qu’on n’y mord pas à belles dents des gâteaux à la crème[1], circonstances qui ravissent une multitude d’entre vous. Il n’y introduit pas un imbécile qui récite de vieilles redites pour boucher les trous de son poëme vide de sens, et il ne fait pas jouer ces machines monstrueuses qui seraient capables de mettre Bedlam en insurrection ; il n’a pas bourré sa pièce avec les jeux de mots dérobés aux tables d’hôte, mais il en fait de tout exprès dans le sens de son sujet. Cette comédie se présente donc telle que les meilleurs critiques désirent que soit une comédie ; les lois du temps, du lieu et de l’action sont observées. L’auteur ne s’est écarté d’aucune des règles indispensables. Il a secoué de sa plume toute espèce de fiel et d’écume, et n’a gardé qu’un peu de sel. Puisse ce sel faire rougir votre figure à force de rire ! vos couleurs en resteront fraîches, une semaine encore après cette représentation.


  1. Dans les représentations burlesques de la cité, un immense gâteau à la crème jouait un grand rôle et donnait lieu à une foule de plaisanteries ; sans doute quelque écrivain avait transporté sur la scène ce divertissement bouffon qui avait eu un grand succès.