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ACTE DEUXIÈME.

ce moyen me dominer ; qu’il le garde son titre ! Il n’aura rien autre chose ; non, mon cousin ; quand même aujourd’hui vous m’apporteriez dix lettres écrites par des lords, et seize par des ladies, elles ne vous serviront à rien, mon cousin ; votre chevalerie viendra elle-même se jeter à mes genoux, et je la repousserai ; on la poursuivra en justice pour frais et honoraires, avec prise de corps ; et je ne la dégagerai pas. Cette pauvre chevalerie, dans sa pension à vingt-quatre sous, trichera au jeu pour gagner sa nourriture, pendant le terme des assises ; et, dans les vacances, elle payera son écot en faisant des contes à l’hôtesse ; ou bien sa chevalerie fera pis encore, elle trouvera un asile dans Cole-harbour[1] et jeûnera. Elle effrayera tous ses amis par ses nombreuses lettres à l’effet d’emprunter ; et lorsqu’un entre cent lui aura prêté dix schellings, sa chevalerie s’en ira à l’auberge de la Grue ou à celle de l’Ours, et s’enivrera, tout en tremblant. Elle n’aura pas d’argent pour acquitter un compte de taverne, quand elle voudra inviter ses anciens créanciers pour leur faire prendre patience, et les nouveaux pour leur inspirer confiance. Elle donnera sa signature, elle dixième, sur un bon, pour obtenir d’un usurier, à la place d’argent, des pots de terre, ou des cruches de grès, et sa part ne fournira pas à sa chevalerie de quoi faire ses offres de service à la veuve d’un boulanger, pas même d’un boulanger de pain noir. Sa chevalerie se présentera, comme un digne

  1.  Un bâtiment dans la paroisse All-hallows the less, près de la Tamise, que le comte de Shrewsbury convertit, à la fin du XVIe siècle, en petits logements pour le peuple. Cet endroit était devenu un asile pour les débiteurs.