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ACTE DEUXIÈME.

pres qualités qu’à vous-même, en renonçant aux applaudissements du monde et à votre envie de les faire valoir tout haut ?

ÉPICÈNE, tout bas.

Je serais fâchée qu’il en fût autrement.

MOROSE.

Que dites-vous, madame ? Chère madame, parlez un peu plus haut.

ÉPICÈNE.

Je serais fâchée qu’il en fût autrement.

MOROSE.

Ce chagrin me remplit de joie. O Morose, tu es heureux entre tous les hommes ; prie Dieu que tu puisses te contenir. Je veux la soumettre à une dernière épreuve, et ce sera sur la plus délicate pierre de touche qu’il y ait chez les femmes. Écoutez-moi, belle lady ; j’aime aussi à voir celle que je choisirai pour ma compagne la première et la plus distinguée des femmes à la mode ; je veux qu’elle devance de quinze jours les plus belles dames de la cour ; je veux qu’elle ait un conseil de couturières, de lingères, de dentellières et de brodeuses, pour délibérer, quelquefois deux fois par jour, sur les nouvelles de France, et qu’elle ne sorte que variée comme la nature, et plus qu’elle, avec le secours de l’art, son rival et son émule. Voilà ce que j’aime ; comment ferez-vous donc, madame, avec la frugalité de vos paroles, pour donner les instructions nombreuses, mais nécessaires, pour ce corset, ces manches, cette coupe, ce point d’aiguille, cette broderie, cette dentelle, ce fil, ces nœuds, cette ruche, cette fraise, ces roses, cette ceinture, cet éven-