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ACTE DEUXIÈME.

vers, et qui ne sont pas des poëtes. Les poëtes sont ceux qui vivent de la poésie ; oui, de pauvres diables qui en vivent.

DAUPHIN.

Quoi ! ne voudriez-vous pas vivre de vos vers, sir John ?

CLÉRIMONT.

Oh ! ce serait pitié qu’il en vécût ! Un gentilhomme vivre de ses vers ! Il ne les compose pas dans ce but, je pense.

DAUPHIN.

Pourtant, l’illustre Sidney [1] en tire profit ; et sa noble famille n’en rougit pas.

CLÉRIMONT.

Oui, il en fait profession ; mais sir John Daw a plus de prudence. Il ne veut pas mettre obstacle à son élévation dans l’État. Pensez-vous qu’il le voudrait ? Voyons vos vers, cher sir John, mais pas de poëmes.

DAW.

« Le silence dans une femme est comme l’éloquence chez l’homme. Le nie qui pourra. »

DAUPHIN.

Je ne veux pas le nier, croyez-moi ; mais vos raisons, monsieur ?

DAW.

« Le vice chez la femme est une vertu mâle. Le vice masculin est une vertu femelle. Vous en verrez la preuve par le produit ; je sais parler, mais elle sait se taire. » Me comprenez-vous, messieurs ?

  1. Sidney, charmant poëte, et auteur du poëme de l’Arcadie.