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ACTE DEUXIÈME.

— Bon. Les tapis des escaliers ne sont pas usés ; n’en manque-t-il nulle part ? (Mute salue.) — Très-bien. Je vois qu’avec de l’intelligence, et en persévérant, nous réussirons ; retire-toi. — Le Grand Turc, dans sa divine discipline, est admirable et au-dessus de tous les autres potentats de la terre ; il est toujours servi par des muets, et ses ordres n’en sont que mieux exécutés ; bien plus, j’ai entendu dire qu’à la guerre, et dans les marches, dans les charges et pour les commandements, les ordres étaient donnés par des signaux muets. Oh ! science exquise ! Je suis vraiment honteux et souvent indigné que les princes de la chrétienté permettent que des barbares les surpassent dans un si haut point de félicité. Dorénavant je ferai ainsi, (On entend résonner un cor.) Quoi ? Comment ! oh ! oh ! Quel vilain, quel monstre de l’humanité est-ce là ? Regarde. (Mute sort.)(Le cor résonne de nouveau.) Oh ! coupe-lui la gorge, coupe-lui la gorge ! Quel scélérat, quel chien infernal, quel démon peut-ce être ? (Mute rentre.)

MUTE.

C’est un courrier de la cour.

MOROSE.

Tais-toi, gredin ! Vas-tu aussi sonner du cor ?

MUTE.

Hélas ! monsieur, c’est un courrier de la cour qui prétend qu’il doit vous parler, sous peine de mort.

MOROSE.

Sous peine de la vie, tais-toi !

(Truewit entre avec un cor de courrier, et une corde à la main.)
TRUEWIT.

Avec votre permission, monsieur. — Je vous suis