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ACTE PREMIER.

duire, et n’en loue pas moins sa modestie et sa grande réserve. Il désire l’entendre parler et causer de toutes choses ; cependant il fait l’éloge de son silence dans des vers qu’il récite, et qu’il prétend les meilleurs qu’homme ait jamais faits. Ensuite il s’irrite contre sa destinée, frappe du pied, se mutine, se plaint tout haut qu’on n’ait pas fait de lui un conseiller, en l’appelant aux affaires de l’État.

CLÉRIMONT.

Allons-y, je vous prie ; j’ai grand désir d’avoir ma part de ce spectacle. — Petit, donne-moi un peu d’eau. (Le page sort.)

DAUPHIN.

Nous sommes invités ensemble, lui et moi, à dîner par un de ses visiteurs, sir La-Foole.

CLÉRIMONT.

Oh ! un précieux petit homme !

DAUPHIN.

Le connaissez-vous ?

CLÉRIMONT.

Oui, et il vous connaît aussi ; il suffit qu’il vous ait vu une fois pour qu’il vous aborde en pleine église, au milieu des prières. Avec très-peu d’esprit, il a beaucoup d’arrogance ; il saluera un juge sur son banc, un évêque dans sa chaire, un avocat lorsqu’il plaide à la barre, et fera, en lui parlant, perdre la mesure à une lady au milieu d’une contredanse. Il donne des comédies, des soupers, et invite ses hôtes, tout haut, de sa fenêtre, au moment où ils passent en voiture ; il a un logement au Strand, tout exprès pour cela ; ou bien il épie les ladies quand elles vont dans les maga-