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ACTE PREMIER.

CLERIMONT.

Non ; mais il a entendu parler d’une femme qui habite une rue voisine de la sienne, et qui parle excessivement bas ; elle est en outre si avare de ses paroles, qu’elle dit à peine six mots par jour. Il ne pense qu’à elle maintenant, et veut la connaître.

TRUEWIT.

Est-ce possible ? Quel est donc son agent dans cette affaire ?

CLÉRIMONT.

Un certain barbier, un nommé Cutbeard, un honnête garçon qui rapporte tout à Dauphin.

TRUEWIT.

Vous m’accablez d’étonnement ; une femme ! un barbier !… Un homme qui n’aime pas le bruit !

CLÉRIMONT.

C’est pourtant vrai ! Ce garçon le rase silencieusement, et ne fait craquer ni ses doigts ni ses ciseaux : son oncle regarde cette retenue comme une qualité si précieuse dans un barbier, qu’il en a fait le chef de son conseil.

TRUEWIT.

Peut-on voir ce barbier ou cette femme ?

DAUPHIN.

On le peut.

TRUEWIT.

Je t’en prie, Dauphin, fais-moi faire leur connaissance.

DAUPHIN.

J’ai quelque affaire maintenant ; je ne le puis aujourd’hui.