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ÉPICÈNE.

TRUEWIT.

Comment cela ?

DAUPHIN.

Tout simplement, il veut me déshériter ; rien de plus. Il croit que, moi et mes amis, nous sommes les inventeurs des faits et gestes que l’on raconte de lui.

TRUEWIT.

Morbleu ! je voudrais lui en faire plus encore. Le sujet le mérite ; cela te donne la permission de le mettre à la torture. Je vais te dire ce que je ferais : je composerais un faux almanach que je ferais imprimer, et au moyen duquel je l’attirerais, à l’anniversaire du couronnement, sur le quai de la tour, où le bruit des canons le tuera. — Te déshériter ! mais il ne le peut pas, mon cher ; n’es-tu pas son plus proche parent, le fils de sa sœur ?

DAUPHIN.

Oui, mais il jure qu’il me mettra de côté et se mariera.

TRUEWIT.

C’est encore plus prodigieux ! S’il ne peut supporter aucun bruit, s’aventurera-t-il à prendre femme ?

CLÉRIMONT.

Oui. Tu ignores donc encore la meilleure de ses fantaisies ; voilà six mois qu’il emploie un individu à courir toute l’Angleterre pour lui trouver une femme muette ; peu lui importent son extérieur ou ses qualités, pourvu qu’elle soit capable de lui donner des enfants ; son silence est une dot suffisante, à ce qu’il dit.

TRUEWIT.

Je me fie à Dieu qu’il n’en a pas trouvé.