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ÉPICÈNE.

TRUEWIT.

Un serrurier doit lui être fatal.

CLÉRIMONT.

Autant qu’un forgeron. Il n’y a dans la paroisse ni armurier ni chaudronnier. Une fois, dans une bataille, un jour de carnaval, il eût voulu faire pendre un apprenti, seulement parce qu’il apprenait le métier de potier d’étain, tandis qu’il fit relâcher tous les autres.

TRUEWIT.

La trompette et le hautbois doivent l’effrayer terriblement.

CLÉRIMONT.

À lui faire perdre les sens ; les veilleurs de la Cité ont une pension de lui pour ne pas venir dans le quartier. Mon page, que voici, joua une nuit sous ses fenêtres le rôle de crieur public, et ne s’en alla que lorsqu’il eut attiré l’autre sur la porte de sa maison avec une longue épée à la main, dont il pourfendait l’obscurité.

LE PAGE.

Il a choisi, pour y loger, une rue tellement étroite aux deux extrémités, qu’elle ne peut admettre ni les carrosses ni les charrettes, ni aucun des bruits habituels des voies publiques ; c’est pourquoi, nous qui l’aimons, nous cherchons à lui faire de temps en temps le plus de tapage que nous pouvons, pour le tenir en haleine. Sans cela, il s’obstinerait dans le bien-être, et sa patience se rouillerait faute d’exercice. Je priai un jour un montreur d’ours de traverser sa rue, suivi des chiens de quatre paroisses, et, Dieu merci, il vint et cria son programme sous les fenêtres de monsieur Morose, qui le renvoya la tête tout en sang. Une autre