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ACTE PREMIER.

de sa vie, et croirait pouvoir terminer ses affaires, la dernière heure qu’il aurait à vivre. Oh ! Clérimont, le temps, parce qu’il est une chose incorporelle et non perceptible aux sens, nous en faisons fi, nous le prodiguons le plus gaiement du monde et nous vivons présomptueusement dans ces misères, sans chercher d’autre remède à nos tristes passions que d’en changer l’objet le plus souvent possible.

CLÉRIMONT.

Ne laisseras-tu pas bientôt…

TRUEWIT.

C’est notre maladie à tous ; comment pourrions-nous nous plaindre de ce que nos grands hommes ne font pas attention à nous et n’ont pas le loisir de donner à nos affaires publiques la diligence que nous en attendons, quand nous n’en trouvons pas pour nos propres affaires, aveugles et sourds que nous sommes dans tout ce qui nous concerne ?

CLÉRIMONT.

Bah ! tu as lu ce matin les œuvres morales de Plutarque, ou quelque autre ennuyeux de son espèce ; on le devine ; cette lecture te gâtera tout à fait l’esprit. Parle-moi d’épingles, de plumes, de femmes, et d’autres bagatelles de ce genre, et laisse là ton stoïcisme jusqu’à ce que tu sois chargé de faire des sermons.

TRUEWIT.

C’est bien, mon ami ; s’ils ne doivent pas vous être utiles, je veux perdre aussi peu que possible de mes sages avis. Je ne veux certes faire à personne du bien contre sa volonté. — Quand êtes-vous allé à l’académie ?