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ÉPICÈNE.

CLÉRIMONT.

Qu’est-ce qu’un homme doit faire ?

TRUEWIT.

Rien, ou bien ce qui, une fois fait, ne vaut pas davantage : s’informer des prochaines courses de chevaux, ou des parties de chasse en projet ; engager des paris ; vanter Puppy ou Pepper-corn, White-foot, Francklin[1] ; affirmer par serment que l’on doit parier pour Whitemane ; parler haut pour que les lords vous entendent ; visiter les ladies le soir, et être capable de leur faire le portrait de chaque joueur de boule et de chaque parieur du boulingrin. Telles sont les graves occupations des hommes à la mode, et la mienne aussi par compagnie.

CLÉRIMONT.

Alors, si j’ai ton autorité, je ne m’en corrigerai pas ; et nous laisserons là tes observations morales ; elles sont bonnes pour le temps où nous aurons des têtes grises et des jarrets usés, des yeux larmoyants et des membres rétrécis par l’âge. Nous réfléchirons alors ; alors nous prierons et jeûnerons.

TRUEWIT.

C’est cela ! Réservons à la sagesse le temps que l’abaissement de nos facultés ne nous permettra plus d’employer au mal.

CLÉRIMONT.

Ma foi ! nous avons le temps d’ici là.

TRUEWIT.

Oui, comme un homme qui dormirait tous les jours

  1. Noms de chevaux célèbres au temps de Ben Jonson ; Whitemane, entre autres, est cité dans les mémoires du temps.