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Cette comédie fut jouée pour la première fois par the children of her Majesty’s revels, les enfants des divertissements de Sa Majesté, en 1609 ; elle fut imprimée in-quarto avec cette devise :


Ut sis tu similis Cœli, Byrrhique latronum,
Non ego sim Capri neque Sulci. Cur metuas me ?


Elle eut plusieurs éditions, car ce fut la plus populaire des comédies de Ben Jonson. Reprise avec grande faveur aussitôt après la Restauration, elle resta sur la scène anglaise jusqu’au milieu du siècle dernier. Plus tard elle échoua par une singulière circonstance ; on donna maladroitement le rôle d’Épicène[1] à une femme, de sorte que lorsqu’au dernier acte elle se dépouille de son costume féminin et apparaît comme un jeune garçon, les spectateurs ne surent que penser, et prirent pour un travestissement ce retour aux habits de son sexe.

Cette comédie a été traduite en portugais ; M. Gifford nous dit qu’elle l’a été aussi en français, but very imperfectly. Nous n’avons pu trouver cette traduction. Dans la publication du théâtre étranger, une seule comédie de Ben Jonson a été traduite : c’est Chacun dans son humeur ; encore avait-on cru devoir reproduire la pièce telle qu’elle avait été mutilée ou arrangée par le célèbre Garrick.

Cette pièce fort gaie, fort amusante malgré quelques longueurs, est tout à fait classique quant à la forme ; le caractère et le nom même de Morose sont empruntés à Libanius, sophiste d’Antioche[2]. C’est M. Gifford qui a fait cette découverte en réponse à Dryden qui croyait que Ben Jonson avait pris son modèle parmi ses contemporains.

  1. Epicœoena nomina (Quint). Noms épicènes, qui désignent les individus des deux sexes, comme alouette, moineau.
  2. Libanii declamatio lepidissima de Moroso, qui cum uxorem loquacem duxisset, seipsum accusat.