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VOLPONE.

CORBACCIO.

Va-t’en, maroufle !

VOLPONE, se tournant vers Corvino.

Probablement c’est vous qui êtes l’heureux mortel. Ma foi ! vous portez bien cela. Vous n’en devenez pas fou, vous au moins. J’aime votre sang-froid ; vous n’êtes pas trop enflé par votre fortune. Il y en a qui se gonfleraient comme une cuve pleine de raisin après une belle vendange. Vous a-t-il donné tout, monsieur ?

CORVINO.

Au diable, coquin !

VOLPONE.

Ma foi ! votre femme s’est conduite en vraie femme ; mais, après tout, vous vous portez bien, vous n’avez pas besoin de vous en inquiéter ; vous avez de bons domaines, vous pouvez porter le front haut, et d’autant plus haut, à moins que Corbaccio n’ait une part.

CORBACCIO.

Va-t’en, canaille !

VOLPONE.

Vous ne voulez pas qu’on le sache, eh bien ! c’est sage. Ainsi font les grands joueurs à tous les jeux ; ils dissimulent et ne veulent jamais paraître gagner. (Corvino et Corbaccio s’en vont.) — Ah ! voilà mon vautour, levant son bec en l’air, et reniflant.

(Voltore entre.)
VOLTORE.

Être ainsi vaincu par un parasite ! un esclave qui se chargerait des plus viles commissions et ferait des révérences pour des miettes de pain ! — Que vais-je faire ?