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VOLPONE.

en cette dernière circonstance ; ici, dans ma maison, c’était bien ; mais, devant tout un public, il y avait à prendre garde ; je commençais à sentir une crampe dans la jambe gauche, et je craignais qu’une puissance inconnue ne me frappât de paralysie ; bah ! je dois être content, et secouer toutes ces idées ; de pareilles terreurs finiraient par amener en moi quelque vilaine maladie, si elles se représentaient trop souvent. Il faut prévenir cela. Qu’un bol de vin vigoureux chasse de mon cœur cette humeur mélancolique. (Il boit.) Hum, hum, hum. C’est presque déjà dissipé : je triompherai. Quelque invention d’une ingénieuse fourberie qui m’arracherait un rire violent achèverait de me remettre. (Il boit encore.) Bien, bien, bien ! cette chaleur, c’est la vie ! ce vin, c’est du sang ! — Mosca ?

MOSCA, entrant.

Eh bien ! monsieur, comment allons-nous ? Le temps vous paraît-il éclairci ? Nous retrouvons-nous sur nos pieds ? Avons-nous balayé le chemin devant nous, de façon à marcher sans obstacle ? Avons-nous encore une fois le champ libre ?

VOLPONE.

Exquis Mosca !

MOSCA.

N’avons-nous pas conduit cela savamment ?

VOLPONE.

Et vigoureusement ? C’est dans les moments extrêmes que les bons esprits se reconnaissent.

MOSCA.

Ce serait une folie inimaginable de confier une affaire de grande importance à un cœur lâche. Il semble