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ACTE QUATRIÈME.

vérité, donnez-la lui ; guérissez-le d’une de ses maladies. Soyez courtois. J’entreprendrai de prouver, devant ces honorables pères, qu’il lui restera encore plus de maladies que ta complice n’a commis d’adultères, et que toi tu n’as connu de filles de joie. — O mes équitables auditeurs ! si de pareils faits, si de tels actes audacieux, exorbitants, doivent être tolérés, quel est le citoyen qui ne se verra pas exposé à perdre sa vie et même sa réputation au caprice du premier qui voudra le calomnier. Qui de vous sera sauf ? Je voudrais demander, avec la permission de ces vénérables pères, si leur complot a quelque apparence ou quelque couleur de vérité, ou s’il ne révèle pas aux narines les plus obtuses l’odeur fétide de la plus abominable calomnie. Ayez, je vous en conjure, quelque souci de ce bon gentilhomme dont la vie est mise en grand péril par leurs fables ; et, quant à eux, je conclus que les gens vicieux, quand ils sont violents et endurcis dans des actes impies, sont comme incarnés dans le mal. Les actions damnables sont celles qui se commettent avec le plus d’effronterie.

LE PREMIER JUGE.

Qu’on les mette en prison, et qu’on les sépare !

LE DEUXIÈME JUGE.

C’est une pitié, qu’il y ait au monde deux pareils monstres.

LE PREMIER JUGE.

Ramenez chez lui le vieux gentilhomme, avec de grands soins. (Les officiers de justice remportent Volpone.) Je suis fâché que notre crédulité lui ait fait une pareille injustice.