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ACTE QUATRIÈME.

je ne puis lui donner un autre nom, a donné rendez-vous à sa maîtresse dans la maison de Volpone (qui était, vous devez le comprendre, l’homme désigné pour l’héritage) et comptait y rencontrer son père : mais dans quel but le cherchait-il donc, messieurs ? Je tremble de le dire ; qu’un fils, contre son père, un tel père, ait pu avoir une intention si félonne et si odieuse ! C’était pour le tuer. Mais, en ayant été empêché par l’heureuse absence de la victime désignée, que fait-il alors ? Il ne renonce pas à ses mauvaises pensées ; il en ajoute d’autres. La méchanceté ne finit plus quand elle a commencé ; quelle horreur, mes pères ! Il arrache de sa couche ce vieillard qui, depuis trois ans et plus, y languit malade ; il l’étend tout nu sur le plancher, et sort après avoir blessé son serviteur à la figure ; mais ce n’est pas tout, lui et sa maîtresse, sa complice habituelle, si joyeuse de l’être, — ici je m’interromps pour prier Vos Seigneuries de faire attention à mes conclusions qui sont des plus importantes, — ils pensèrent tous deux à arrêter le dessein du père, à discréditer le choix libre qu’il avait fait du vieux gentilhomme, et à se racheter eux-mêmes en reportant l’infamie de l’adultère sur cet homme auquel ils auraient dû sacrifier, en rougissant, leur propre vie.

LE PREMIER JUGE.

Quelles preuves avez-vous de tout cela ?

BONARIO.

Très-honorables juges, je vous demande humblement de n’ajouter aucune foi à la langue de cet avocat mercenaire.

LE DEUXIÈME JUGE.

Contraignez-vous.