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VOLPONE.

tout dit à son fils ; je l’ai amené ici et caché là, pour qu’il pût entendre son père consommer sa mauvaise action, et j’y ai été entraîné par l’idée que cette conduite dénaturée, le désaveu formel d’un père que j’aurais soin de provoquer, le mettraient en courroux au point de lui faire faire quelque acte de violence qui donnerait à la loi une prise suffisante et l’occasion de vous confirmer dans une double espérance. Que ma véracité et ma conscience soient toujours ma consolation, s’il est vrai que mon seul but était de vous déterrer une fortune dans les sépulcres de ces deux vieilles pourritures.

VOLTORE.

Je te demande pardon, Mosca.

MOSCA.

Je l’accorde à votre patience et à votre grand mérite, monsieur. Mais apprenez ce qui arrive.

VOLTORE.

Quoi donc ?

MOSCA.

Quelque chose de fâcheux. Il faut que vous m’aidiez, monsieur. Pendant que nous attendions ce vieux corbeau, voilà qu’entre ici la femme de Corvino, envoyée par son mari.

VOLTORE.

Quoi ! avec un présent ?

MOSCA.

Non, monsieur, en visite. Je vous dirai pourquoi plus tard ; et, comme elle restait longtemps, notre jeune homme devient impatient, se précipite, me blesse, saisit la dame, et lui fait jurer, en la menaçant de mort si elle ne le fait pas, d’affirmer par serment que