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ACTE TROISIÈME.

CORVINO, à Célia qui résiste.

Par le cœur de mon père, veux-tu donc t’obstiner ainsi ? Viens, je t’en prie, viens ; tu vois que ce n’est rien, Célia ; — corbleu ! je me mettrai en colère. Viens donc, te dis-je !

CÉLIA.

Monsieur, tuez-moi plutôt ; je prendrai du poison ; j’avalerai des charbons ardents ; je ferai tout.

CORVINO.

Sois damnée ! Je t’arracherai d’ici par les cheveux ! je te proclamerai dans les rues comme une fille publique ; je te fendrai la bouche jusqu’aux oreilles ; je te déchirerai le nez comme un rouget cru. Ne me tente pas, viens, cède ; j’achèterai quelque esclave que je tuerai et que j’attacherai à toi vivante ; je vous suspendrai tous deux à ma fenêtre ; j’inventerai quelque crime monstrueux que j’écrirai sur ta poitrine opiniâtre en lettres capitales, au moyen de l’eau-forte et des plus violents corrosifs qui mordront tes chairs. Oui, par mon sang que tu as enflammé, je le ferai.

CELIA.

Vous ferez ce que vous voudrez ; je suis votre martyre.

CORVINO.

Ne t’entête pas ainsi, je ne l’ai pas mérité ; pense que c’est ton mari qui te le demande ; je t’en supplie, ma douce femme, — parole d’honneur, tu auras des bijoux, des robes, des parures, tout ce que tu peux imaginer et désirer. Embrasse-le seulement, ou bien seulement touche-lui la main pour moi, à ma prière ; touche-lui la main une fois. — Non ? non ? — Je m’en