Page:Jonson,marlowe,dekker,middleton-les contemporains de shakespeare-1920.djvu/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Premier charpentier

Tout est prêt.

Barabas

Ne négligez rien ; disposez tout suivant mes ordres. Je reconnais maintenant votre habileté. (Distribuant de l’argent). Partagez-vous cet or. Buvez à pleins brocs du Xérès et du vin de Muscat. Descendez à la cave, dégustez tous les vins.

Premier charpentier

Nous y allons, seigneur, et vous remercions.

(Sortent les charpentiers).
Barabas

Si vous aimez à boire, buvez tous votre saoul et crevez ! Pourvu que je vive, le monde entier peut périr. Maintenant, Sélim Calymath, réponds-moi que tu viens et je serai satisfait.

(Entre le messager)

Eh bien, drôle, viendra-t-il ?

Le messager

Il viendra. Ordre est donné à tous ses gens de descendre à terre et de traverser les rues de Malte, pour que tu les reçoives dans la citadelle.

Barabas

Alors tout va selon mon gré. Il ne manque plus que le gouverneur. Justement le voici.

(Entre Ferneze).

Maintenant, gouverneur, l’argent.

Ferneze

Voici, bénévolement consenties, cent mille livres.

Barabas

Cent mille livres, dis-tu ? C’est peu, mais je m’en contenterai. Ne vous en séparez pas encore, car si je ne tenais pas ma promesse, vous pourriez les garder. Maintenant, gouverneur, collabore à ma politique. En ce qui concerne son armée, ses hommes ont été envoyés en avant pour s’abriter dans le monastère dont les fondations renferment des pièces de campagne, des bombardes, des barils pleins de poudre, destinés à les faire sauter, à les ensevelir sous les pierres, de façon que pas un ne sorte vivant. Pour Calymath et ses compagnons, j’ai fait construire une galerie fragile dont le plancher, ce câble coupé, se brisera en deux. Ils tomberont ainsi dans une large fosse. Prends ce couteau. Quand il viendra, quand il s’assiéra au milieu de ses pachas, au coup de canon parti de la tour, coupe la corde et mets le feu. N’est-ce pas bien, joué ?