Page:Jonson,marlowe,dekker,middleton-les contemporains de shakespeare-1920.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Scène III

.

frère Jacomo, Barabas, Ithamore[1]
(Entre Frère Jacomo).
Jacomo

Voici l’heure à laquelle je dois agir. Heure joyeuse où je vais convertir un infidèle et prendre son or pour augmenter les biens de la communauté. Doucement ! N’est-ce pas Bernardin ? C’est bien lui ! Prenons ce chemin, car il doit méditer quelque mauvais coup pour m’empêcher de rejoindre le Juif. Bernardin ! Ne veux-tu pas répondre ? Crois-tu que je ne te vois pas ? Je passerai quand même ! J’ai tout prêt un bâton pour me faire de la place !

(Il prend son bâton, en frappe le corps qui tombe).
(Entrent Barabas et Ithamore).
Barabas

Jacomo, qu’as-tu fait ?

Jacomo

Je l’ai assommé parce qu’il voulait m’assommer.

Barabas

Quoi Bernardin ! Hélas, il est mort.

Ithamore

.

Oui, maître ! Il est mort ! Regardez comme sa cervelle dégouline sur son nez.

Jacomo

Mes bons seigneurs, je l’ai tué, mais vous êtes les seuls à le savoir. Je puis donc m’échapper…

Barabas

Pour que mon serviteur et moi on nous pende avec vous ?

Ithamore

Il faut le remettre entre les mains des magistrats.

Jacomo

Bon Barabas, laisse-moi partir !

Barabas

Non. La loi doit suivre son cours. Je vais être forcé de témoigner qu’étant importuné par ce Bernardin qui voulait absolument me baptiser. Je l’ai mis à la porte et qu’il s’est assis à cette place ; j’ajouterai que je m’étais lever de bonne heure pour tenir ma parole, donner mes marchandises

  1. La scène est en dehors de la maison de Barabas.