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Barabas

Voilà pourquoi j’ai choisi cette chambre. Les autres donnent sur la rue.

Ithamore

Vous perdez du temps, maître. Qu’attendons-nous ? Il me tarde de le voir secouer ses talons.

Barabas

Viens, coquin ! Enlève ta ceinture et fais-nous un npeud coulant. Frère, éveille-toi !

(Il passe la tête du Frère dans le nœud coulant).
Bernardin

As-tu l’intention de m’étrangler ?

Ithamore

Oui, puisque vous avez l’habitude de confesser.

Barabas

Ce n’est pas à nous qu’il faut en vouloir, mais au proverbe : « Confesse-toi et sois pendu ». Tire fort !

Bernardin

Pourquoi en voulez-vous à ma vie ?

Barabas

Tire fort, te dis-je ! Vous en vouliez bien à mes richesses.

Ithamore

À nos vies aussi. C’est pourquoi je tire aussi fort !

(Il l’étrangle)

Voilà du bon ouvrage. On ne voit pas une trace.

Barabas

Parfait. Emporte-le.

Ithamore

Non, maître, regardez ce que je vais faire. (Il plante le corps droit contre le mur et lui met un bâton dans la main). Laissez-le s’appuyer sur ce bâton. Parfait ! On dirait qu’il mendie du lard !

Barabas

On le croirait encore vivant ! Quelle heure est-il maintenant, mon cher Ithamore ?

Ithamore

Environ une heure après minuit.

Barabas

Jacomo ne tardera pas à venir.

(Ils sortent)