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Abigaïl

Mon père m’avait fiancée à eux deux. D’abord à Don Lodowick que je n’ai jamais aimé, ensuite à Mathias que je chérissais, et à cause de qui je me suis faite nonne.

Bernardin

Comment ont-ils fini ?

Abigaïl

Jaloux de mon amour, une haine mutuelle s’est emparée d’eux, et, par un artifice de mon père (Lui donnant un papier) dont voici la preuve, mes deux galants se sont entre-tués !

Bernardin

Crime monstrueux !

Abigaïl

Pour le repos de mon âme, je m’en confesse à toi. Garde le secret, mon père en mourrait !

Bernardin

.

La confession ne peut être révélée, la loi canonique le défend, et le prêtre qui passerait outre serait d’abord défroqué, puis condamné et brûlé.

Abigaïl

Je le savais. Donc, bouche close. La mort s’empare de mon cœur. Bon frère, convertis mon père pour assurer son salut, et sois témoin que je meurs en chrétienne !

(Elle meurt).
Bernardin

En chrétienne et en vierge. Il me reste à aller trouver le Juif, à m’expliquer avec lui et à lui faire peur.

(Rentre frère Jacomo)
Jacomo

Frère, toutes les nonnes sont mortes, allons les enterrer.

Bernardin

Procédons d’abord aux funérailles de celle-ci. Viens avec moi et aide-moi à épouvanter le Juif.

Jacomo

Qu’a-t-il fait ?

Bernardin

Une chose qui m’effraie à dire.

Jacomo

Aurait-il crucifié un enfant ?

Bernardin

Son crime est pire encore. C’est la confession qui me l’a révélé et tu sais que j’encourrais la mort en en violant le secret. Viens !

(Ils sortent).


FIN DU TROISIÈME ACTE