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menteuse ! As-tu donc perdu ton père ? Sans raison connue, —sans ordre de ma part, pourquoi ce retour au couvent ? Elle m’écrit et m’exhorte au repentir. Le repentir ! Spurca ! Qu’est-ce que cela veut dire ? Aurait-elle — ce doit être cela — deviné mon ingérence dans la mort de don Mathias et celle de Lodowick ? Il est temps de s’en assurer. Une enfant qui se conduit de cette façon est, tout le fait présumer, un enfant qui ne m’aime pas. Qui vient là ?

(Entre Ithamore).

Approche, Ithamore, approche, mon ami, toi la vie de ton maître, mon dévoué serviteur, mon second moi-même ! Je n’ai plus d’espoir qu’en toi et sur cette espérance je bâtis mon bonheur. Quand as-tu vu Abigaïl ?

Ithamore

Aujourd’hui.

Barabas

Avec qui ?

Ithamore

Un frère.

Barabas

Un frère ! Le drôle a accompli son rôle !

Ithamore

Qu’entendez-vous par là ?

Barabas

Il a fait d’Abigaïl une nonne !

Ithamore

En effet, elle m’a dépêché vers lui.

Barabas

O jour maudit ! Fausse, inconstante, crédule Abigaïl ! Laissons-les faire. Je ne veux plus m’occuper de sa trahison. Je ne lui laisserai pas un denier, elle n’aura pas une bénédiction, elle ne passera plus ma porte, elle mourra maudite par moi comme Caïn par Adam pour la mort de son frère.

Ithamore

Maître !

Barabas

N’intercède pas pour elle, elle mérite ma haine. Si tu refuses le service que je vais te demander, c’est que tu me détestes.

Ithamore

Qui ? Moi ? Je monterais plutôt sur un rocher pour me précipiter la tête en avant dans la mer ! Je ne reculerai devant rien pour vous servir.

Barabas

O fidèle Ithamore, tu n’es pas un serviteur, mais un ami. Je veux faire de toi mon unique héritier. À ma mort