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Abigaïl

Et c’est mon père qui serait la cause de leurs morts ?

Ithamore

Suis-je Ithamore ?

Abigaïl

Oui, après ?

Ithamore

Je le suis aussi vrai que votre père a rédigé le défi et que c’est moi qui l’ai porté.

Abigaïl

Alors rends-moi un service : cours au couvent nouvellement construit, informe-toi de quelque frère de Saint Jacques et prie-le de venir me parler.

Ithamore

Maîtresse, voulez-vous me permettre de vous poser une question ?

Abigaïl

Quelle question, coquin ?

Ithamore

Une question intéressante. Est-ce que les nonnes n’ont pas de temps en temps quelques rapports avec les frères ?

Abigaïl

C’est là ta question, insolent coquin ? Va !

Ithamore

J’obéis.

(Il sort)
Abigaïl

Père au cœur dur, insensible Barabas ! Voilà le résultat de ta politique ? Elle consistait à les faire se disputer mes faveurs, pour que ces faveurs devinssent la cause de leur mort ? Que tu n’aimasses pas Lodowick, soit ! Mais don Mathias ne t’avait jamais offensé ? Que tu sentisses le besoin de venger la déprédation du gouverneur, soit ! Mais pourquoi t’en venger sur son fils, sur Mathias et par contre-coup sur moi ? Décidément, l’amour n’existe pas sur la terre. Les Juifs sont impitoyables et les Turcs infidèles. Voici venir le maudit Ithamore, avec le frère.

(Entrent Ithamore et Frère Jacomo)
Jacomo

Virgo, salve.

Ithamore

Vous baissez la tête ?

Abigaïl

Soyez le bienvenu, frère. Ithamore, va-t’en.

(Sort Ithamore)

Saint frère, je veux te demander un service.