ACTE III
Scène PREMIERE
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Depuis le siège de la ville, les affaires vont mal. Il fut un temps où, pour une nuit, on me donnait facilement cent ducats. A cette heure, malgré moi, il me faut demeurer chaste et, pourtant, je n’ai rien perdu de ma beauté. Jadis de Venise accouraient des marchands, de Padoue d’intelligents gentilshommes, des écoliers instruits et libéraux. Aujourd’hui ; excepté Pilia-Borsa qui ne quitte que rarement ma maison, je ne vois plus personne. Le voici.
Regarde, coquine, voici quelque chose pour toi.
De l’argent ! Je le dédaigne.
Oui, mais le Juif a de l’or et cet or m’appartiendra ou les choses iront mal.
Dis-moi, comment t’y prendras-tu ?
En me promenant dans la rue, en arpentant les jardins, j’avais quelque chance d’apercevoir la maison du Juif. J’y ai vu des sacs de monnaie. Profitant de la nuit j’ai grimpé à l’aide, de crochets et, comme je m’apprêtais à faire mon choix, j’ai entendu du bruit. C’est pourquoi je n’ai pu prendre que ce sac avant de m’échapper. Ah voici l’esclave du Juif.
Cache le sac
- ↑ La scène est devant la maison de Bellamira