Aimerait-elle Don Mathias ?
Son sourire équivaut à une réponse.
Il a mon cœur et je souris malgré moi !
Barabas, tu sais que j’aime ta fille de longue date ?
Et qu’elle vous aime aussi, depuis sa plus tendre enfance.
Je ne puis dissimuler plus longtemps mon amour.
Pas plus que moi l’affection que je vous porte.
Si c’est ton diamant, dis-moi qu’il m’appartient.
Gagnez-le et le portez, il est encore sans tache. Mais Votre Seigneurie dédaignerait de s’unir avec la fille d’un Juif ? Et pourtant je lui donnerai en dot beaucoup d’or, sans compter les devises chrétiennes qui entoureront la bague.
Ce n’est pas ta richesse, c’est elle que j’aime ! Je te supplie d’accorder ton consentement.
Vous l’avez, mais laissez-moi lui parler,(Bas à Abigaïl) Ce fils de Caïn, ce Jésuite qui n’a jamais célébré la Pâque, jamais entrevu le pays de Chanaan, ni le Messie que nous attendons, ce doucereux fantasque, je veux parler de Lodowick, doit être trompé. Donne-lui ta main, mais garde ton cœur jusqu’à ce que vienne.
Quoi ! Je me fiancerais avec Lodowick ?
Ce n’est point pécher que tromper un chrétien, puisque eux-mêmes considèrent comme un principe de manquer de parole aux hérétiques. Et l’hérétique c’est celui qui n’est pas Juif. Tout va bien, ma fille, rassure-toi. (À part). Je l’ai persuadée et elle consentira.
Gentille Abigaïl, engage ta foi.
Puis-je hésiter quand mon père l’ordonne ? (À part). J’aimerai Mathias jusqu’à la mort !