Barabas, la rencontre est heureuse. Où est le diamant dont vous m’avez parlé ? [1]
Chez moi, mon seigneur. Veuillez me suivre. Abigaïl, ouvre la porte.
Bonjour, père. Je vous apporte des lettres d’Ormus. On attend la réponse.
Donne. (Bas). Reçois Lodowick, le fils du gouverneur, avec toute la bonne grâce possible, en gardant la tenue qui convient à une jeune fille. Traite-le comme un Philistin, dissimule, fais des serments, proteste, parle-lui d’amour, il n’est pas de la semence d’Abraham. (Haut). Je suis un peu occupé, seigneur, pardonnez-moi. Abigail, qu’il soit le bienvenu, pour mon salut.
Pour son salut et le vôtre, il en sera ainsi.
Un dernier mot. Embrasse-le, dis-lui de belles paroles ; en Juive habile entortille-le, de façon que vous soyez fiancés avant de vous séparer.
O mon père ! J’aime Mathias !
Je le sais, mais je te le répète, séduis Lodowick, je l’ordonne. (Haut et regardant une lettre) Sur ma vie, c’est l’écriture de mon agent. Entrez pendant que j’examinerai les comptes.
Le compte est fait. Lodowick est un homme mort ! Mon agent m’annonce la fuite d’un marchand qui me doit cent tonnes de vin. (Faisant claquer ses doigts) J’y attache trop d’importance, car j’ai assez de biens. À cette heure il embrasse Abigaïl et tous deux se jurent un mutuel amour. Aussi sûrement que le Ciel a envoyé la manne aux Juifs, lui et Mathias mourront ! Son père était mon plus cruel ennemi !
Où Don Mathias porte-t-il ses pas ?
Mais vers la belle Abigaïl que j’aime.
- ↑ Le commentateur Dyce suppose que la scène, à ce moment-là, représente l’extérieur de la maison de Barabas.