Scène II
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Capitaine, dis-nous où tu vas, quelle est la nationalité de ton bateau ancré au port et pourquoi tu abordes sans notre permission.
Gouverneur de Malte, je vais plus loin. Mon bateau le Dragon Volant est espagnol comme moi. Je me nomme del Bosco, vice-amiral du roi catholique.
Il dit la vérité, monseigneur ; il faut donc le bien traiter.
Notre chargement se compose de Grecs, de Turcs et de Maures africains. Nous nous attardions dans les eaux corses, refusant de baisser pavillon devant la flotte turque dont les galères nous chassaient, lorsque, soudainement, le vent s’éleva. Nous pûmes lofer, tirer des bordées et combattre à l’aise. Nous en tuâmes quelques-uns, d’autres se noyèrent. Le capitaine est mort. Ce qui reste demeure notre butin, et nous voudrions en trafiquer à Malte.
Martin del Bosco, je te connais. Sois le bienvenu à Malte, de moi et de tous. Quant à te permettre de trafiquer des Turcs, nous ne le pouvons pas, pour des raisons tributaires.
Del Bosco, tu nous aimes et tu nous honores. Persuade donc le gouverneur d’en finir avec les Turcs. Ils ne font trêve que dans l’espérance de nous soutirer de l’or, quand avec la somme qu’ils réclament nous pourrions entrer en campagne.
Eh quoi ! chevaliers de Malte, vous accordez aux Turcs une trêve si bassement achetée ? Monseigneur, souvenez vous que, à la honte de l’Europe, l’île chrétienne de Rhodes, d’où vous venez, vous a appartenu, et que vous ne vous êtes réfugiés ici que pour combattre les Turcs.