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Barabas

Tu dissimuleras d’autant mieux que tu agiras contre tes convictions. Une profession de foi simulée vaut mieux qu’une hypocrisie cachée.

Abigaïl

Soit. Une fois en place, que ferai-je ?

Barabas

Je connais une cachette sous le plancher de la chambre supérieure, renfermant l’or et les joyaux que je gardais pour toi. Les voici qui viennent. De l’adresse, Abigaïl.

Abigaïl

Venez avec moi.

Barabas

Non. En la circonstance mieux vaut que je ne paraisse pas et que l’on croie que ta décision m’offense. De l’adresse, mon or est à ce prix !

(Ils sortent).
(Entrent frère Jacomo, frère Bernardin, l’abbesse et une nonne).
Jacomo

Mes sœurs, nous voici presque arrivés au nouveau couvent.

L’abesse

Tant mieux, car nous n’aimons pas que l’on nous voie. Trente longs hivers se sont passés depuis que nous nous dissimulons dans la foule.

Jacomo

Vous vous trouverez très bien dans cette maison transformée en couvent.

L’abesse

Puissiez-vous dire vrai. Qui vient là ?

(Entre Abigaïl).
Abigaïl

Sainte Abbesse, et vous, heureuses tutrices des vierges, prenez en pitié l’état d’une malheureuse jeune fille !

L’abesse

Qui es-tu ?

Abigaïl

La fille désespérée d’un malheureux Juif, le Juif de Malte, l’infortuné Barabas, autrefois possesseur d’une riche maison que l’on vient de transformer en couvent.

L’abesse

Bien, ma fille. Que nous veux-tu ?

Abigaïl

Craignant que la douleur que ressent mon père ne pèche contre la foi, je voudrais passer ma vie dans la