Page:Jonson,marlowe,dekker,middleton-les contemporains de shakespeare-1920.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

acte de voleur. Si tu me dépouilles je serai obligé de voler plus encore !

Premier chevalier

Grave gouverneur, n’écoutez pas ses protestations. Que l’on transforme sa maison en un couvent, elle abritera de saintes nonnes.

Ferneze

Il en sera fait ainsi.

(Rentrent les officiers).

Est-ce fait, officiers ?

Premier chevalier

Oui, monseigneur, nous avons saisi les biens et les marchandises de Barabas, lesquels, évalués, représentent une somme plus considérable que toute la richesse de Malte. Aux autres nous avons pris la moitié de leurs richesses.

Ferneze

Nous nous occuperons ensuite du reste.

Barabas

Eh bien, mes maîtres, vous voilà satisfaits ? Vous détenez mes marchandises, mon argent, ma fortune, mes vaisseaux, mes économies, tout ce qui constituait ma joie ! Accaparant tout, vous ne pouvez exiger plus, à moins que vos cœurs insensibles, supprimant toute pitié dans vos poitrines de pierre, n’en veuillent à ma vie !

Ferneze

Non, Barabas, teindre nos mains de sang n’entre ni dans nos goûts ni dans nos habitudes.

Barabas

J’estime qu’on est moins coupable à priver de la vie des hommes misérables, qu’à devenir la cause de leur misère. Vous faites main basse sur ma richesse, le travail de toute une vie, le confort de mon âge, l’espoir de mon enfant, le mal est complet !

Ferneze

Rentrons pour monnayer ces marchandises pour le tribut dû aux Turcs.

Premier chevalier

De suite. Oublier l’échéance amènerait la rupture du pacte et ce serait mauvaise politique.

(Tous sortent, excepté Barabas et les juifs)
Barabas

Politique ! Ils font plus profession de politique que de simplicité ! Les plaies d’Égypte, la malédiction du ciel, la sécheresse de la terre, la haine, que tout retombe sur