Nos décrets exigent que tu verses la moitié. Exécute-toi donc ou nous nous emparons du tout.
Corpo di Dio ! Arrêtez ! Vous aurez la moitié. Usez-en avec moi comme avec mes frères.
Non, Juif. Tu as contesté les articles, maintenant je ne puis plus revenir sur ma décision.
Alors, vous voulez me voler tous mes biens ? Le vol est-il la base de votre religion ?
Non, Juif. En mettant la main sur ta fortune particulière, nous sauvons de la ruine toute une multitude. Or, mieux vaut qu’un homme se dévoue pour l’intérêt commun que de voir tout un peuple périr au profit d’un seul. Barabas, nous ne voulons pas te bannir. Tu pourras demeurer à Malte où tu as acquis ta fortune et où, à l’occasion, tu en réaliseras une autre.
Chrétiens, comment m’enrichirai-je à présent ? Avec rien on ne fait rien.
Avec rien tu as commencé à acquérir un peu de biens ; avec ce peu tu as acquis davantage, pour amasser encore. Si ta première malédiction pèse lourdement sur ta tête, si elle te fait pauvre et méprisé de tous, accuses-en surtout ton péché originel.
En appelez-vous à l’Écriture pour excuser vos torts ? Ne prêchez pas aux dépens de mes biens. Si quelques Juifs sont méchants, tous les chrétiens le sont. Quoi ? parce que la tribu dont je descends a été ruinée pour ses péchés, il en demeurerait responsable ? L’homme qui se conduit honnêtement a droit à la vie. Lequel d’entre vous peut en juger autrement ?
Dehors, misérable Barabas ! N’as-tu pas honte de chercher à te justifier, comme si nous ne connaissions pas la profession ? Si tu te reposes sur ta droiture, sois patient et les biens s’accroîtront. L’excès des richesses excite la convoitise et la convoitise est un monstrueux péché.
Le vol est pis. Or s’emparer de mes biens, c’est faire