réclament ne sera-t-il pas long ? Il est plus chevaleresque d’obtenir ce qu’on demande par des procédés pacifiques que par la contrainte. Quel répit voulez-vous, gouverneur ?
Un mois.
Nous vous accordons un mois, mais songez à tenir votre promesse. Maintenant que vos galères reprennent la mer jusqu’au délai par vous sollicité. Nous vous enverrons un messager pour toucher l’argent. Portez-vous bien, grand gouverneur et braves chevaliers de Malte.
Que la chance accompagne Calymath.
Qu’on aille quérir les Juifs de Malte. N’étaient-ils pas convoqués aujourd’hui ?
Si, monseigneur, et les voilà qui viennent.
Avez-vous décidé ce qui convient de leur dire ?
Oui, laissez-moi faire. Approchez, Juifs. Le puissant Sélim Calymath, fils de l’Empereur de Turquie, réclame le tribut de dix années. Sachez qu’en ce qui nous concerne…
Mon bon Seigneur, pour sa tranquillité, Votre Seigneurie fera bien de le lui payer.
Doucement, Barabas ; la chose n’est pas si simple que vous semblez le supposer. Le tribut de ces dix années représente une somme, dont, calcul fait, nous ne disposons pas, les guerres ayant épuisé nos ressources. Il nous faut donc requérir votre aide.
Hélas ! monseigneur, nous ne sommes pas des soldats. Que pourrions-nous contre un si grand prince ?
Nous savons, Juif, que tu n’es pas soldat. Mais tu es un marchand riche, et nous faisons appel à ton argent.
Quoi, seigneur ! À mon argent ?
À ton argent et à celui de tes coreligionnaires.
Hélas ! mon seigneur, la plupart d’entre nous sont pauvres.