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réclament ne sera-t-il pas long ? Il est plus chevaleresque d’obtenir ce qu’on demande par des procédés pacifiques que par la contrainte. Quel répit voulez-vous, gouverneur ?

Ferneze

Un mois.

Calymath

Nous vous accordons un mois, mais songez à tenir votre promesse. Maintenant que vos galères reprennent la mer jusqu’au délai par vous sollicité. Nous vous enverrons un messager pour toucher l’argent. Portez-vous bien, grand gouverneur et braves chevaliers de Malte.

Ferneze

Que la chance accompagne Calymath.

(Sortent Calymath et les pachas).

Qu’on aille quérir les Juifs de Malte. N’étaient-ils pas convoqués aujourd’hui ?

Un officier

Si, monseigneur, et les voilà qui viennent.

(Entrent Barabas et les trois juifs)
Premier chevalier

Avez-vous décidé ce qui convient de leur dire ?

Ferneze

Oui, laissez-moi faire. Approchez, Juifs. Le puissant Sélim Calymath, fils de l’Empereur de Turquie, réclame le tribut de dix années. Sachez qu’en ce qui nous concerne…

Barabas

Mon bon Seigneur, pour sa tranquillité, Votre Seigneurie fera bien de le lui payer.

Ferneze

Doucement, Barabas ; la chose n’est pas si simple que vous semblez le supposer. Le tribut de ces dix années représente une somme, dont, calcul fait, nous ne disposons pas, les guerres ayant épuisé nos ressources. Il nous faut donc requérir votre aide.

Barabas

Hélas ! monseigneur, nous ne sommes pas des soldats. Que pourrions-nous contre un si grand prince ?

Premier chevalier

Nous savons, Juif, que tu n’es pas soldat. Mais tu es un marchand riche, et nous faisons appel à ton argent.

Barabas

Quoi, seigneur ! À mon argent ?

Ferneze

À ton argent et à celui de tes coreligionnaires.

Premier juif

Hélas ! mon seigneur, la plupart d’entre nous sont pauvres.