En ce cas tu as dû croiser ma galère à Alexandrie ? Il n’est pas possible que tu sois venu d’Égypte par le Caire sans, à l’endroit de la mer où le Nil lui paie son tribut, passer par Alexandrie ?
Je ne l’ai point vue et ne m’en suis point inquiété. Tout ce que je puis dire, c’est que plusieurs de nos marins s’étonnent que vous osiez confier autant de richesses à un bateau si peu solide et venant de si loin.
Ce sont des hommes trop prudents ! Je connais mon bateau et sa résistance. Va débarquer les marchandises et dis à mon représentant d’apporter son chargement.
Je suis inquiet de cette galère.
(Entre UN SECOND MARCHAND)
Ta galère, venant d’Alexandrie, vient d’aborder, chargée de richesses, sans compter des soies de Perse, de l’or et des perles d’Orient.
Comment se fait-il qu’elle ne soit pas venue avec les autres bateaux arrivant d’Égypte ?
Nous ne les avons point vus.
Peut-être côtoyaient-ils Candie, pour y acheter de l’huile ou autres denrées. Vous vous êtes montrés imprudents en venant de si loin sans la compagnie des autres !
Nous avons dû échapper à une flotte espagnole. Elle n’était pas à une heure de nous quand des galères turques se sont mises à sa poursuite.
Ils se dirigeaient vers la Sicile. C’est bien. Allez. Dites aux marchands et à mes hommes de se dépêcher de gagner le port et voyez si on débarque le chargement.
J’obéis.
Notre fortune est portée par la terre et la mer, ce qui nous enrichit doublement. Telles sont les bénédictions promises aux Juifs, bénédictions dont se réjouissait le vieil Abraham. Le ciel peut-il, sur cette terre, faire pour un homme plus que verser l’abondance dans son sein,