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LES MAITRES-CHANTEURS

singer, ces chanteurs d’amour dont les odes dévotieusement galantes charmaient la brillante assistance des cours de Thuringe et de Babenberg, et Wagner était trop versé dans l’histoire de la littérature allemande au moyen âge pour n’avoir pas compris immédiatement l’intérêt qu’il y aurait à opposer aux anciens chanteurs d’amour ces braves artisans de Nuremberg qui avaient recueilli dans leurs échoppes et leurs boutiques l’art délaissé de la poésie.

Quand il eut esquissé son poème, il ne se trouva pas en état d’achever une œuvre de cette nature. D’abord il était très préoccupé par les prochaines études de Tannhäuser, et puis un autre sujet venait de s’offrir presque simultanément à son esprit et le captiva davantage : c’était la légende de Lohengrin, le Chevalier au Cygne, et d’Eisa de Brabant. Cette légende, il l’avait déjà lue pendant son premier séjour à Paris, en 1841 ; mais alors elle ne lui avait pas plu. « Il n’y avait vu qu’une œuvre mystique à ranger dans la catégorie des poèmes romantico-chrétiens, genre qui lui inspirait de l’éloignement, parce qu’il le trouvait artificiel ; mainte-